INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION 2022
Antananarivo, 25 janvier 2022. L’Indice de perception de la corruption (IPC) de 2021 publié aujourd’hui par Transparency International indique que les niveaux de corruption restent au point mort dans le monde entier. En Afrique subsaharienne, 80 % des pays n’ont pas ou ont peu progressé au cours des 10 dernières années.
Parallèlement au lancement de l’IPC 2021 au niveau mondial, Transparency International – Initiative Madagascar, a également dévoilé les résultats-pays, aujourd’hui à l’hôtel Centell Antanimena. Madagascar réalise un score de 26/100, soit un léger avancement d’un point par rapport au score réalisé en 2020 (25/100) et se place au 147e rang sur les 180 pays étudiés. Le score de la Grande Ile reste inférieur à la moyenne du continent africain (33/100).
La majorité des données ayant été collectées en 2020, le score de l’IPC 2021 se base donc sur le contexte de l’année 2020. A Madagascar, comme partout ailleurs dans le monde, 2020 a été marqué par le début de la pandémie de covid-19 et la gestion quelquefois hasardeuse de la crise. L’état d’urgence sanitaire a servi de prétexte à des restrictions des libertés fondamentales, et le niveau de transparence et de redevabilité en termes de gestion des affaires publiques, mais surtout de gestion des aides liées à la covid-19 est resté faible. La lutte contre la corruption a été totalement occultée des plans de contingence de la crise pandémique alors même qu’elle sévissait de toutes parts, depuis certains fokontany où les aides sociales ont été détournées jusque dans les niveaux ministériels où l’affaire des « écrans plats » et celle des « bonbons sucettes » ont marqué les esprits.
Malgré de petites avancées en termes de lutte contre la corruption en 2020, telles que l’ouverture du PAC de Mahajanga et le renforcement des contrôles anti-corruption décrété par le Ministre de la Justice, le statu quo a été observé, d’où cette quasi-stagnation du score de Madagascar à l’IPC 2021. Le point gagné peut d’ailleurs simplement s’expliquer par une technicalité mathématique puisque si en 2020, Madagascar avait été noté par 8 sources, en 2021, ce nombre est descendu à 7, le World Economic Forum EOS n’ayant pas noté le pays pour l’année.
L’autosatisfaction n’est donc pas de mise car la route est longue pour atteindre la tolérance zéro envers la corruption proclamée depuis 2019 par le gouvernement. Des mesures urgentes doivent être prises pour opérationnaliser l’Agence de Recouvrement des Avoirs Illicites (ARAI), accroître la pratique de la transparence et de la redevabilité à tous les niveaux de l’administration et du gouvernement, protéger les lanceurs d’alerte, garantir l’accès à l’information – pilier de la transparence – aux citoyens, et réduire l’impunité liée à la corruption.
2022 est par ailleurs une année pré-électorale et il est crucial d’initier dès maintenant des réformes visant à assurer la transparence des financements politiques et le plafonnement des dépenses de campagne pour 2023. La transparence, l’intégrité et la redevabilité se cultivent au quotidien et les discours ne suffisent pas pour assurer leur effectivité. Alors, au travail !
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CORRUPTION, DROITS DE L’HOMME ET DÉMOCRATIE
Alors que les efforts de lutte contre la corruption stagnent et se dégradent, les droits de l’homme et la démocratie sont attaqués. Ce n’est pas une coïncidence. Certains gouvernements continuent de prétexter la pandémie de COVID-19 pour battre en brèche les droits de l’homme et la démocratie, ce qui pourrait conduire à un déclin encore plus marqué dans le monde dans les années à venir.
Transparency International appelle les gouvernements à respecter leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme, et les peuples du monde entier à s’unir pour exiger un changement.
Daniel Eriksson, Directeur exécutif de Transparency International, est formel : « Dans des contextes autoritaires où le contrôle sur le gouvernement, les entreprises et les médias est aux mains de quelques- uns, les mouvements sociaux restent le dernier contrepoids face au pouvoir. C’est le pouvoir détenu par les enseignants, les commerçants, les étudiants et les gens ordinaires de tous les milieux qui, en fin de compte, permettra la redevabilité.»
LES RECOMMANDATIONS DU MOUVEMENT TRANSPARENCY INTERNATIONAL
La corruption est un problème aux multiples facettes, mais nous savons comment le résoudre. Pour mettre fin au cercle vicieux de la corruption, des violations des droits de l’homme et du déclin démocratique, les gouvernements devraient :
Berlin, 25 janvier 2022
Liens utiles :
https://www.transparency.org/en/cpi/2021
https://www.transparency.org/en/news/how-cpi-scores-are-calculated
https://images.transparencycdn.org/images/CPI2021_Report_EN-web.pdf