INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION 2022
Antananarivo – 31 janvier 2022. A l’unisson avec toutes les sections nationales du mouvement Transparency International, réparties dans plus de 110 pays, Transparency International – Initiative Madagascar (TI-MG) a dévoilé aujourd’hui le classement mondial à l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2022 qui reste à ce jour le principal référentiel en matière de mesure de la corruption.
Sans grande surprise, le score de Madagascar est de 26/100, soit le même qu’en 2021. Bien que le pays ait gagné 5 places dans le classement, passant de la 147e à la 142e place sur les 180 pays étudiés ; ce progrès est entièrement expliqué par des considérations techniques liées à la construction de l’indice. En effet, si au point de vue arithmétique, Madagascar surclasse cette année l’Azerbaïdjan et le Myanmar (Birmanie) ; il réalise le même score que le Cameroun, le Libéria et l’Ouganda, trois pays qui étaient mieux notés que lui dans l’édition 2021 mais qui ont de ce fait reculé sur l’échelle. D’où ce gain virtuel de 5 places. Le score de Madagascar n’a pas évolué de façon significative d’un point de vue statistique depuis 2012, année où l’IPC a fait l’objet d’une révision méthodologique majeure visant à rendre les scores comparables d’une année à l’autre.
Une tendance partagée à l’international puisque l’analyse des scores globaux montre l’ampleur du problème : la moyenne mondiale reste inchangée à un score de 43 sur 100 pour la onzième année consécutive ; la plupart des pays ont fait peu ou pas de progrès dans la lutte contre la corruption, et plus des deux tiers des pays (122) ont de graves problèmes de corruption, avec un score inférieur à 50.
Madagascar : l’inertie en mouvement.
Trois principales raisons sont avancées par TI-MG pour expliquer la stagnation du score malgache, malgré des avancées au niveau institutionnel (mise en place de l’ARAI, extension des PAC, etc.) :
– Le manque d’investissement de l’Etat dans la lutte contre la corruption (LCC) : à titre d’exemple, dans la loi de finance rectificative de 2022, le budget consacré à la lutte contre la corruption ne constitue que 0,128% du budget général de l’Etat, alors que la LCC est considérée comme une priorité nationale.
– La persistance de l’impunité, due notamment aux immunités accordées aux personnes politiquement exposées ; couplée à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques ; et
– Le manque de mise en œuvre des engagements internationaux pris par Madagascar dans la LCC, par exemple dans l’application des dispositions de la Convention des Nations Unies contre Corruption (CNUCC).
Recommandations
Pour améliorer son score à l’IPC et être plus efficient dans sa lutte contre la corruption, Madagascar doit se donner les moyens de sa politique ; abolir les privilèges et immunités accordées aux personnes de pouvoir ; assurer l’indépendance et l’impartialité de la justice, et respecter ses engagements internationaux.
En 2023, l’accent doit être mis sur la lutte contre la corruption électorale notamment à travers l’adoption de réformes législatives visant à plafonner les dépenses de campagne et à assurer la transparence des sources de financement politique. L’adoption des lois sur l’accès à l’information à caractère public et sur la protection des Défenseurs des droits humains et des Lanceurs d’alerte est également prioritaire. Pour que la lutte contre la corruption ne reste pas un simple instrument de propagande mais se traduise en actions.
Liens utiles :
https://www.transparency.org/en/cpi/2022
https://images.transparencycdn.org/images/Report_CPI2022_English.pdf
Slides de présentation :
https://en.transparency.mg/wp-content/uploads/2023/01/CPI-2022_MDG_310123.pdf
Revoir l’événement en vidéo :
https://web.facebook.com/transparencymadagascar/videos/931004151598799
Antananarivo, 25 janvier 2022. L’Indice de perception de la corruption (IPC) de 2021 publié aujourd’hui par Transparency International indique que les niveaux de corruption restent au point mort dans le monde entier. En Afrique subsaharienne, 80 % des pays n’ont pas ou ont peu progressé au cours des 10 dernières années.
Parallèlement au lancement de l’IPC 2021 au niveau mondial, Transparency International – Initiative Madagascar, a également dévoilé les résultats-pays, aujourd’hui à l’hôtel Centell Antanimena. Madagascar réalise un score de 26/100, soit un léger avancement d’un point par rapport au score réalisé en 2020 (25/100) et se place au 147e rang sur les 180 pays étudiés. Le score de la Grande Ile reste inférieur à la moyenne du continent africain (33/100).
La majorité des données ayant été collectées en 2020, le score de l’IPC 2021 se base donc sur le contexte de l’année 2020. A Madagascar, comme partout ailleurs dans le monde, 2020 a été marqué par le début de la pandémie de covid-19 et la gestion quelquefois hasardeuse de la crise. L’état d’urgence sanitaire a servi de prétexte à des restrictions des libertés fondamentales, et le niveau de transparence et de redevabilité en termes de gestion des affaires publiques, mais surtout de gestion des aides liées à la covid-19 est resté faible. La lutte contre la corruption a été totalement occultée des plans de contingence de la crise pandémique alors même qu’elle sévissait de toutes parts, depuis certains fokontany où les aides sociales ont été détournées jusque dans les niveaux ministériels où l’affaire des « écrans plats » et celle des « bonbons sucettes » ont marqué les esprits.
Malgré de petites avancées en termes de lutte contre la corruption en 2020, telles que l’ouverture du PAC de Mahajanga et le renforcement des contrôles anti-corruption décrété par le Ministre de la Justice, le statu quo a été observé, d’où cette quasi-stagnation du score de Madagascar à l’IPC 2021. Le point gagné peut d’ailleurs simplement s’expliquer par une technicalité mathématique puisque si en 2020, Madagascar avait été noté par 8 sources, en 2021, ce nombre est descendu à 7, le World Economic Forum EOS n’ayant pas noté le pays pour l’année.
L’autosatisfaction n’est donc pas de mise car la route est longue pour atteindre la tolérance zéro envers la corruption proclamée depuis 2019 par le gouvernement. Des mesures urgentes doivent être prises pour opérationnaliser l’Agence de Recouvrement des Avoirs Illicites (ARAI), accroître la pratique de la transparence et de la redevabilité à tous les niveaux de l’administration et du gouvernement, protéger les lanceurs d’alerte, garantir l’accès à l’information – pilier de la transparence – aux citoyens, et réduire l’impunité liée à la corruption.
2022 est par ailleurs une année pré-électorale et il est crucial d’initier dès maintenant des réformes visant à assurer la transparence des financements politiques et le plafonnement des dépenses de campagne pour 2023. La transparence, l’intégrité et la redevabilité se cultivent au quotidien et les discours ne suffisent pas pour assurer leur effectivité. Alors, au travail !
******************
CORRUPTION, DROITS DE L’HOMME ET DÉMOCRATIE
Alors que les efforts de lutte contre la corruption stagnent et se dégradent, les droits de l’homme et la démocratie sont attaqués. Ce n’est pas une coïncidence. Certains gouvernements continuent de prétexter la pandémie de COVID-19 pour battre en brèche les droits de l’homme et la démocratie, ce qui pourrait conduire à un déclin encore plus marqué dans le monde dans les années à venir.
Transparency International appelle les gouvernements à respecter leurs engagements en matière de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme, et les peuples du monde entier à s’unir pour exiger un changement.
Daniel Eriksson, Directeur exécutif de Transparency International, est formel : « Dans des contextes autoritaires où le contrôle sur le gouvernement, les entreprises et les médias est aux mains de quelques- uns, les mouvements sociaux restent le dernier contrepoids face au pouvoir. C’est le pouvoir détenu par les enseignants, les commerçants, les étudiants et les gens ordinaires de tous les milieux qui, en fin de compte, permettra la redevabilité.»
LES RECOMMANDATIONS DU MOUVEMENT TRANSPARENCY INTERNATIONAL
La corruption est un problème aux multiples facettes, mais nous savons comment le résoudre. Pour mettre fin au cercle vicieux de la corruption, des violations des droits de l’homme et du déclin démocratique, les gouvernements devraient :
Berlin, 25 janvier 2022
Liens utiles :
https://www.transparency.org/en/cpi/2021
https://www.transparency.org/en/news/how-cpi-scores-are-calculated
https://images.transparencycdn.org/images/CPI2021_Report_EN-web.pdf